J’ai été impressionné par le modèle de joint-venture sociale promu par SocialCoBizz que les amis d’Investir &+ m’ont fait découvrir. A ma connaissance – et je suis loin de savoir tout ce se passe aux Etats-Unis – il n’y a pas d’équivalent aux USA.
Je vais évoquer plutôt des exemples de co-création s’en approchant. Ces partenariats se sont formés à cause d’intérêts communs et convergents. Mais ils ont fonctionné parce que chacun a apporté une contribution qui a compté.
Dans le processus de renaissance de la ville de Detroit, le secteur social, la municipalité, et les acteurs principaux du monde de l’entreprise (les constructeurs automobiles GM, Ford, et Chrysler, ou Dan Gilbert, propriétaire de l’entreprise QuickenLoans) se sont alliés pour investir dans l’amélioration des infrastructures d’une ville en déchéance et pour faciliter la création de start-ups. La municipalité détenait un grand nombre de terrains construits ou pas, mais disponibles pour être redéveloppés à un coût modique. Le secteur social a permis de faire le lien avec des quartiers pauvres où l’arrivée de nouvelles entreprises et la possibilité de création d’emplois ont été les bienvenues. Les grandes entreprises ont dans certains cas financé l’innovation dans leur propre secteur (automobile et services financiers) mais elles ont aussi plus largement bénéficié de l’amélioration de l’image de Detroit, ce qui rend à présent plus facile d’attirer des nouvelles recrues d’autres régions ou de convaincre ceux qui sont déjà là de rester.
Year Up est un bon exemple d’organisation pour laquelle le partenariat avec des entreprises est au cœur de leur modèle puisque sa mission est de rendre des jeunes gens « embauchables ». Pour ce, Year Up leur offre un curriculum solide suivi d’un stage de 6 mois dans une de ses entreprises partenaires qui débouche sur une embauche et, sinon, donne au jeune des références solides pour trouver un emploi. Year Up cherche à mettre le pied à l’étrier à toute une catégorie de jeunes, souvent défavorisés et de couleur, qui ne vont pas aller (en tout cas à court terme) à l’université, en leur prodiguant une formation spécifique à un métier pour lequel une pénurie a été identifiée et en les connectant avec des grandes entreprises ayant le besoin d’embaucher pour ces fonctions particulières et comptant souvent une sous-représentation de minorités au sein de leur personnel.
L’entreprise de télécom Verizon s’est efforcée au cours des dernières années de créer un « écosystème » permettant de favoriser l’innovation. Le Verizon Innovation Program permet aux entreprises participantes d’intégrer la technologie 4G dans leurs produits, alors que les Innovations Labs offrent des lieux focalisés sur l’ « invention » et la création. Enfin, Verizon Ventures investit dans des start-ups prometteuses. Récemment, Verizon a travaillé avec plusieurs start-ups du Harvard Innovation Lab cherchant à utiliser la réalité augmentée / virtuelle (RA/RV) pour produire un impact social qui ont ainsi pu accéder aux moyens technologiques de Verizon alors que l’entreprise a pu élargir son exposition à l’innovation en RA/RV, et en particulier avec un volet social ce qui était tout nouveau pour elle.
Philippe Taieb
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