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Joint-Venture Sociale (2/3) : Le témoignage de Bernard Le Masson, président de la Fondation Accenture

By 19 février 2018 No Comments

Découvrez Access Inclusive Tech, première Joint-Venture Sociale spécialisée dans les métiers du numérique grâce au témoignage de Bernard Le Masson, Président de la Fondation Accenture.

 

Depuis quand travaillez-vous dans la Fondation Accenture ? Pourquoi avez-vous décidé de vous y investir ?

Je suis membre depuis 10 ans et Président de la Fondation depuis 3 ans. Je me suis engagé car j’ai la conviction qu’une grande entreprise peut combiner son cœur de business avec des actions qui reconnaissent le fait qu’on a une empreinte sur la société, et qu’il est donc mieux d’organiser cette empreinte sociale au service de l’intérêt général.

 

Quels sont les rapports entre la fondation et le monde des associations en général ?

La Fondation Accenture est une des premières fondations d’entreprise en France, qui a été créée il y a 20 ans. D’entrée de jeu, c’est une fondation qui a fait le choix d’être le bras armé de l’entreprise pour des missions d’intérêt général, liées à l’innovation sociale, l’accès à l’emploi et à l’entrepreneuriat.

Nous soutenons une vingtaine d’associations avec lesquelles nous sommes en lien étroit sur des périodes qui vont de 3 à 8 ans. Et au total nous avons un écosystème d’environ 80 structures accompagnées, en lien avec des partenaires du type Alter Action, Pro Bono Lab ou Ticket for Change.

Notre force vient des consultants Accenture, qui se mobilisent en mécénat de compétences et en bénévolat, pour plus de 5000 jours par an.

Nous sommes en fait un catalyseur pour aider ces structures à avoir plus d’impact, nous les aidons à se transformer pour qu’elles travaillent mieux et touchent plus de bénéficiaires.

 

D’où vient la volonté d’Accenture de s’investir dans un type de projet comme Acces ?

Nous nous sommes demandé comment imaginer une approche qui transforme de manière systémique la manière dont les entreprises et l’économie fonctionnent. Ce qu’on voit dans le modèle de Joint-Venture Sociales (JVS), Socialcobizz, c’est la capacité à avoir des structures qui combinent une autonomie économique tout en s’inscrivant dans un projet d’intérêt général. C’est cela qui nous intéresse : il y a des structures qui ont vocation à combiner l’intérêt économique et l’intérêt général et s’inscrire dans une démarche d’innovation sociale.

 

Comment est né Acces ? Quelle est la genèse du projet ?

Le projet a démarré d’une rencontre avec Thibaut Guilluy, le directeur général d’Ares, et de discussions informelles avec la Fondation Accenture, à la fois en découvrant la qualité et le succès du travail d’Ares notamment avec d’autres JVS comme Log ‘Ins, et la réflexion sur le fait qu’il y a très peu de structures d’insertion sur les métiers du numérique alors que le besoin de compétences est élevé.

 

Vous avez démarré l’activité depuis quelques mois, comment fonctionne le partenariat au quotidien ? 

Au quotidien, je trouve que les lignes sont plus imbriquées que ce que je prévoyais. J’anticipais que la Fondation Accenture resterait très focalisée sur l’expertise technologique et économique, et Ares sur l’aspect social ; et finalement, au travers des premières missions des salariés d’Acces, il y a une implication des consultants Accenture sur des aspects sociaux, beaucoup de bienveillance et d’attention apportée. Et une compétence très solide d’Ares sur les aspects économiques et professionnels.

Chacun porte son domaine d’expertise principal, mais avec fluidité et intégration. Il y a des contacts permanents entre les équipes d’Acces et la fondation Accenture, et des comités de suivi hebdomadaires et mensuels. Le rôle de Jean-Christophe Arnaune, le directeur d’Acces, est bien sûr fondamental, c’est lui qui insuffle l’état d’esprit général.

 

Quels sont selon vous les avantages de l’association d’Ares et d’Accenture dans le cadre de ce projet ?

Le modèle de JVS en lui-même est spécifique, car il s’agit de bâtir une structure qui nous engage dans la durée, contrairement à nos actions classiques de mécénat qui peuvent s’interrompre. Nous sommes coactionnaires d’une structure qui a vocation à se développer dans la durée.

On a une très grande entreprise, Accenture, qui se lance dans cette co-entreprise avec Ares, qui est une très belle structure mais petite comparativement ; et Investir&+ qui est un investisseur focalisé sur un champ d’action spécifique, l’investissement à vocation sociale, que nous ne connaissons pas.

Par ailleurs sur les métiers du numérique, je ne connais pas de structure équivalente. La mise en œuvre effective d’une entreprise de l’ESS entre un acteur mondial du numérique, une entreprise d’insertion française et un fonds d’investissement français, sur les métiers du numérique, c’est une première !

L’avantage de cette alliance, qui n’est pas évidente a priori compte tenu de la nature différente de ces acteurs, c’est finalement que chacun de nous trois est très professionnel sur son cœur de métier.

Et par ailleurs, le portage au plus haut niveau, par le PDG d’Accenture France, Christian Nibourel, et par le Président d’Ares, Philippe Crouzet est bien sûr essentiel.

 

Qu’est ce qui selon vous est spécifique à votre projet et qu’est ce qui au contraire pourrait s’appliquer dans d’autres partenariats ?

Toute la démarche, le processus de construction, de création d’une JV est réplicable tel quel à d’autres structures, sur d’autres champs d’activité. La bonne nouvelle c’est qu’il y a une expertise que nous pouvons partager avec d’autres.

Le champ d’activité en revanche est particulier à notre secteur : la typologie des profils de compétences, le sourcing des compétences en fonction des métiers sera spécifique à un secteur ou un autre.

 

Des conseils à une grande entreprise qui souhaiterait développer un partenariat de ce type ?

Je pense que toutes les grandes entreprises sont maintenant conscientes qu’elles ont une empreinte sociale, en plus de leur empreinte économique et écologique. Le conseil que je donnerais est de trouver des approches plus structurelles pour traiter ces problèmes sociaux, dont les JVS sont un exemple clair.

Mon conseil serait sans doute de prendre le temps de comprendre pourquoi stratégiquement l’entreprise veut le faire, et ce au plus haut niveau. Dans notre cas, le projet est porté par le PDG d’Accenture, et je pense qu’il faut que cela soit porté à ce niveau de direction générale pour qu’on puisse franchir les petits obstacles naturels de mise en œuvre et le traiter comme un projet stratégique dans la durée.

 

Selon vous, quel rôle peuvent jouer les grandes entreprises dans la résolution des problèmes sociaux ?

De même qu’on parle d’innovation ouverte, je pense qu’il y a une empreinte sociale ouverte : c’est la prise de conscience par les entreprises de tout un ensemble d’acteurs présents à proximité, dans leur territoire, avec lesquels elles peuvent interagir pour traiter des sujets d’intérêt général, de manière innovante. Les grandes entreprises peuvent être catalyseur, au sens propre, c’est-à-dire pour accélérer la transformation, sans prétendre avoir les solutions mais en contribuant.

Quand on voit la passion des – tous nouveaux ! – salariés d’Acces à s’impliquer dans leur travail, on se dit qu’il y a bien un rôle pour les entreprises.

 

Une pensée qui résume le projet pour vous et que vous aimeriez transmettre à nos lecteurs ? 

Une aventure humaine collective ! Les projets de JVS mobilisent sûrement plus d’énergie et de temps que ce qu’on prévoit au départ, mais cela traduit aussi leur force profonde : on est dans un travail collectif et qui tire le meilleur de chacun. C ‘est parce qu’on rassemble des compétences et des énergies très complémentaires que cela fonctionne.

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