Alors que le traumatisme causé par les attentats perpétrés à Paris est encore très présent, il est légitime de se demander comment le secteur de l’impact social peut réagir. Deux axes méritent d’être approfondis: la défense de la liberté d’expression et de la presse, et une meilleure intégration tant sociale qu’économique de jeunes issus de populations défavorisées.
Le secteur de l’impact social, et notamment l’investissement social, repose sur la mesure de résultats tangibles, souvent liés à l’économique, et l’espoir d’un retour financier. Or, la défense de la liberté d’expression ne se résume pas facilement par une batterie d’indicateurs et ne se prête pas de manière évidente à un projet économique, à part peut-être le lancement ou la reprise d’un journal.
C’est là qu’un modèle hybride de financement (investissement et/ou subvention) d’un Omidyar Network par exemple ou un modèle plus traditionnel de subventions montrent leur utilité. De plus, l’absence de résultats tangibles souvent dans le court terme rend le thème même de la défense de la liberté d’expression moins attirant pour un donateur ou investisseur. Le risque est qu’il devienne une « cause orpheline », attirant peu de soutien malgré la gravite de ses enjeux.
Echoing Green, qui accorde chaque année des bourses à ses Fellows dans le monde entier, a remédié à ce problème en incluant une catégorie Droits Humains et Civils dans son recrutement, à côté d’autres plus habituelles telles que Education, Santé, et Réduction de la Pauvreté. Dans le domaine de l’intégration sociale et économique, des investisseurs sociaux et intermédiaires financiers soutiennent déjà des entreprises dont le développement peut bénéficier à des populations défavorisées.
Par exemple, NextStreet est la première banque spécialisée dans le développement d’entreprises situées dans les « inner cities», zones généralement plus pauvres. Il est aussi important de connecter ces entreprises avec les milieux économiques traditionnels.
C’est ce que fait par exemple l’Adive, fondée par deux Fellows d’Echoing Green, qui met en contact en France de grandes entreprises avec des entrepreneurs installés dans des zones « sensibles » ou issus de la diversité.
Sur un plan plus social, une des Fellows 2014 d’Echoing Green, Lauren Burke, a créé Atlas : DIY, un « incubateur » pour jeunes immigrés où ils peuvent recevoir de l’assistance juridique, se perfectionner en anglais, ou suivre des activités culturelles.
Le secteur à impact social étant encore un « petit monde » en France comme aux USA, ses acteurs pourraient réfléchir ensemble à comment aborder ces deux défis: 1) que la défense de la liberté d’expression ne soit pas oubliée malgré un manque de traduction économique évidente, et 2) que les efforts pour intégrer les populations défavorisées soient redoublés.
Philippe Taieb
Social Impact Consulting & Coaching.
Boston, Massachussets.