Portrait

Interview d’Aymeric Marmorat, un entrepreneur engagé

By 7 mars 2018 No Comments

Aymeric Marmorat est le directeur général d’Enactus France. Entrepreneur et expert de l’engagement, il est aussi l’accompagnateur Investir&+ de Make.org.

 

« Bonjour Aymeric. Pour commencer… peux tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené là où tu es aujourd’hui? » 

J’ai monté mon premier projet quand j’étais en BTS en 2002, au moment du passage à l’euro. C’était un événement d’une semaine autour de cette date. C’était la première fois que j’ai rassemblé une équipe, monté un projet… disons que ça a été mon premier tout petit acte entrepreneurial.

J’ai poursuivi mes études en école de commerce. Ce qui m’intéressait, c’était le développement durable mais il n’y avait pas beaucoup d’offres sur le campus. J’ai donc décidé de créer en 2004 avec un ami une association qui avait deux axes principaux : la promotion du développement durable auprès des étudiants et le soutien des initiatives dans les pays émergents d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest. C’était passionnant.

J’ai réalisé que les outils et les compétences dont tu te dotes en cours sont des outils que tu es libre d’utiliser selon tes envies. Pour moi, c’était pour contribuer à un monde meilleur.

A la sortie de l’école, j’avais deux choix : soit travailler dans une grande entreprise, synonyme de sécurité, et essayer de la faire bouger de l’intérieur ; soit me consacrer à la création d’entreprises qui intègrent dès le début une finalité sociale ou environnementale. Evidemment, ce choix là était plus risqué mais j’avais ma petite voix intérieure qui me disait d’y aller.

J’ai donc monté un incubateur pour entrepreneurs sociaux. C’était en 2006 et ça s’appelait Entrepreneurs Sans Frontières. Ca a été une aventure de 3 ans et demi. On avait de très bons résultats sur l’accompagnement mais j’ai du fermer l’incubateur pour des raisons économiques. On peut dire que c’est un échec mais les échecs font rebondir.

En parallèle à cela, j’ai co-fondé en 2007 La Ruche, un espace de co-working pour entrepreneurs sociaux, qui a bien marché et a aujourd’hui essaimé dans plusieurs villes de France.

A cet époque j’ai réalisé que les entrepreneurs sociaux qui réussissent ne courent pas les rues. Soit je continuais à chercher ces porteurs de projets qui finalement étaient peu nombreux, soit je m’engageais pour faire émerger davantage d’entrepreneurs sociaux. J’ai repris Enactus en novembre 2010 pour porter cette vision de faire émerger des leaders entreprenants et engagés.

J’ai également créé une entreprise de conseil et de formation en innovation et entrepreneuriat social auprès d’entreprises et d’incubateurs. On a ainsi co-conçu la pédagogie de Ticket for Change, on travaille avec la Ruche, Accor, Article 1, Sport dans la Ville…

Voilà un peu où j’en suis aujourd’hui.

« On comprend en découvrant ton parcours que tu as été sensible assez tôt au développement durable, à l’entrepreneuriat social… D’où te vient cet engagement ? »

Sans doute de mon histoire personnelle mais aussi d’observations, de conversations et de rencontres.

Je vois des gens en entreprise mais certains sont malheureux car le management n’est pas à la hauteur, car ils ne voient pas de sens à ce qu’ils font. Aujourd’hui, la mission des entreprises ne peut plus seulement se réduire à être rentable.

En discutant les uns avec les autres, j’ai aussi réalisé qu’on était nombreux à avoir envie de contribuer à quelque chose d’un peu plus grand que nous.

Et enfin, je pense que cet engagement vient aussi de rencontres qui te font prendre conscience qu’on n’est pas tous sur la même ligne de départ. Mais je suis convaincu qu’il faut qu’on s’aide dans la course !

« Nous avons vu ton Tedx sur l’engagement. Qu’est-ce que l’engagement pour toi? » 

Je crois que l’engagement, c’est, à travers son histoire, ce par quoi on est touché, ce que l’on vit, ce que l’on voit, de choisir les enjeux auxquels on veut contribuer et, ensuite, de mettre sa passion, ses talents et ses compétences au service de cet enjeu.

L’engagement peut être professionnel, personnel, associatif. L’entrepreneuriat social est loin d’être l’unique voix. Il faut vraiment partir de ce que l’on vit, sans tropintellectualiser, et de choisir ce qui nous touche et par quelle voie on veut s’engager.

Je pense que l’engagement est aussi lié au savoir être, à la relation qu’on a avec les autres.

Finalement, le plus important c’est de faire de son mieux.

«  Es-tu plutôt engagé ou engageur? » 

Disons que mon engagement, c’est de contribuer à créer des expériences transformatrices et donner confiance en eux à ceux qui veulent s’engager.

« Quand tu conçois des programmes de formation, de pédagogie pour des entrepreneurs, quel est le message le plus important que tu y mets ? »

Je ne m’étais jamais posé cette question… mais je pense que ce doit être quelque chose comme « Soyez optimiste, croyez en vous, en ce qui vous semble être juste ! ». Evidemment, tout le monde n’est pas d’accord autour de ce qui est juste. Mais j’ai confiance en la nature humaine : au fond de soi, chacun sait ce qui est juste.

Et puis aussi, n’oubliez pas de prendre du plaisir et de vous engager dans la joie, n’intellectualisez pas trop et ne vous prenez pas la tête ! On a le droit de faire des erreurs et si chacun fait de son mieux en fonction de son humeur et de son énergie, c’est déjà super positif.

« Peux-tu nous parler de Make.org que tu accompagnes ? »

C’est une très belle équipe, dynamique et engagée. Axel est un meneur, avec une vision très claire et une capacité à fédérer, à écouter et à prendre en compte ce que disent les gens. Il est drivé par l’envie de contribuer à l’intérêt général. Il est accompagné d’une équipe compétente, qui a du bagage.

Aujourd’hui, Make en est à ses débuts, c’est une belle promesse. Celle d’arriver à faire émerger des idées grâce à l’intelligence collective. Ensuite, Make a pour rôle de mettre en lumière, de révéler ces solutions et de réunir les différents acteurs capables de les mettre en œuvre concrètement.

« Un conseil ou une phrase inspirante pour les entrepreneurs ? »

Une phrase inspirante qui m’a drivé quand j’ai démarré, pour dépasser mes limites et sortir de ma zone de confort, c’est : « il n’y a de limite que celle qu’on se fixe ». Pour moi, rien n’est impossible à celui qui croit et qui se donne les moyens de passer à l’action.

 

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